JNLF 2021 : les points forts du congrès

Découvrez les temps forts et points de vue d’experts de ces Journées de neurologie de langue française (JNLF) 2021 virtuelles. De nombreuses thématiques ont été abordées durant cette couverture : neuropathies, sclérose en plaques, céphalées, troubles cognitifs… En voici le résumé, par le Dr Claude Mekies.

Les neuropathies aux JNLF 2021

L’un des principaux temps forts de ces journées fut la session plénière sur les neuropathies et gammapathies.

Le spectre des neuropathies dysglobulinémiques a été repris. On distingue ainsi :

  • les neuropathies avec IgM monoclonale,
  • les dépôts non spécifiques,
  • les neuropathies en rapport avec une atteinte cytokinique (dont le POEMS)
  • les neuropathies avec gammapathie monoclonale en rapport avec une infiltration tumorale
  • et les neuropathie et Ig monoclonale sans lien causal. Ce n’est pas parce qu’il y a gammapathie monoclonale, qu’il y a un lien de causalité. On parle de gammapathie sattellite. Le message principal est qu’il faut éviter les traitements par excès.

Concernant le suivi et le traitement d'une neuropathie avec gammapathie, il y a deux types de manifestations distinctes :

  • les manifestations liées à la masse tumorale
  • et les manifestations d’aval liées aux propriétés immunochimiques de la gammapathie.

Il fut également abordé le concept de gammapathie monoclonale de signification clinique (Monoclonal Gammapathy of Clinical Significance MGCS). Une classification peut être faite selon le mécanisme évoqué :

  • dépôts (chaînes légères > chaînes lourdes),
  • activité auto-anticorps,
  • activation complément,
  • sécrétion de cytokines liée à la chaîne légère lambda (POEMS)

Un échange concernant le traitement entre le point de vue du neurologue et celui de l’hématologue fut particulièrement enrichissant.
Pour le neurologue, dans le cas des neuropathies où le lien avec la gammapathie n’est pas clairement établi, il n’y a pas d’indication à un traitement spécifique. Concernant les neuropathies révélant d’une maladie hématologique, comme l’amylose AL, qui est une pathologie grave avec une médiane de survie à 24 mois sans traitement ou le POEMS syndrome, un traitement est indispensable. Les neuropathies associées à une IgM monoclonale avec activité anti-MAG ont des arguments en faveur ou contre le traitement. Sur le plan des essais cliniques, il existe de nombreux cas ou de séries cliniques avec cyclophosphamide, chlorambucil, échanges plasmatiques…, mais également deux essais randomisés et contrôlés avec du rituximab, dont les résultats sont négatifs (méta-analyse positive). On souligne un intérêt possible de l’obinutuzumab (anti-CD20 humanisé), de l'association avec les anti-protéasomes de 3e génération (ixazomib), de la bendamustine. Enfin, pour les neuropathies associées à une cryoglobulinémie, le traitement dépend de la cause et du stade.

Du côté de l’hématologue, le traitement des manifestations cliniques des neuropathies dysglobulinémiques passe par le traitement du clone. Il fait donc appel à un traitement anti-B ou anti-plasmocyte (chimiothérapie, anticorps monoclonal, parfois irradiation localisée). Ce traitement est adapté à la nature du clone :

  • clone plasmocytaire (IgG, IgA, CL) : agents anti-myélome (Imids, alkylants, bortézomib) ;
  • clone lymphocytaire ou lymphoplasmocytaire (IgM) : traitement du Waldenström ou de la LLC par anti-CD20 +/- alkylants ; on discute la place des traitements ciblés de type inhibiteurs de BTK (Ibrutinib) ?

Références :

  • Delmont E. Spectre des neuropathies avec gammapathie et lien neuropathie/gammapathie. JNLF 2021 ; SFNP > Gammapathies monoclonales et neuropathies > Session plénière. Mercredi 26 mai.
  • Karlin L. Le suivi et le traitement d'une neuropathie avec gammapathie. JNLF 2021 ; SFNP > Gammapathies monoclonales et neuropathies > Session plénière. Mercredi 26 mai.
  • Arnulf B. Quand et comment traiter les neuropathies associées à une gammapathie : le point de vue de l'hématologue. JNLF 2021 ; SFNP > Gammapathies monoclonales et neuropathies > Session plénière. Mercredi 26 mai.
  • Nicolas G. Quand et comment traiter les neuropathies associées à une gammapathie : le point de vue du neurologue. JNLF 2021 ; SFNP > Gammapathies monoclonales et neuropathies > Session plénière. Mercredi 26 mai.

L’épilepsie aux JNLF 2021

Durant cette couverture, deux sujets ont abordé l’épilepsie. Tout d’abord, l’interview du Pr Sylvain Rheims, traitant de nombreux sujets concernant les informations à donner au quotidien (plantes, café, alcool, sport, conduite automobile…), puis celle du Dr Jonathan Curot sur les actualités thérapeutiques en épilepsie.

Concernant les plantes, origine naturelle ne veut pas dire sans danger. Ainsi, des plantes peuvent avoir un effet anti-épileptique ou au contraire pro-épileptogène. Des conseils de prudence sont ainsi nécessaire en particulier vis-à-vis des huiles essentielles qui, en raison de la concentration variable de leurs composés, peuvent parfois poser problème.
Le prototype à présent bien connu de l’effet d’une plante sur le seuil épileptogène est le cas du cannabis et de ses dérivées. Le cannabidiol purifié sous forme pharmaceutique a ainsi démontré son efficacité dans le syndrome de Lennox-Gastaut et dans le syndrome de Dravet. Par extension, une expérimentation d’utilisation de dérivés cannabinoïdes, CBD dominant, est en cours en France sous l’égide de l’ANSM pour des patients enfants ou adultes souffrant d’épilepsie pharmacorésistante sévère. Concernant l’alcool, le risque épileptologique est surtout lié au sevrage. Néanmoins, la transition crise de sevrage/épilepsie est parfois difficile. Si un traitement est requis, il est important de rester dans l’approche « bénéfice/risque », en prenant en compte la problématique hépatique et la problématique thymique souvent associée. Le café a des effets variables doses dépendants, pro-crise à dose toxique, potentiellement protecteur chez l’animal à doses modérées et chronique. Chez les patients, un effet préventif des crises convulsives a été évoqué et est à explorer. Globalement, le message est de rassurer les patients quant à l’absence de risque à doses faibles ou modérées.
Du côté des réseaux de soins, la filière de prise en charge des malades souffrant d’épilepsie doit s’appuyer sur la définition de l’épilepsie comme maladie chronique entraînant des crises épileptiques et des comorbidités. L’étape diagnostique de l’épilepsie est essentielle, incluant le bilan étiologique, un dispositif d’annonce et la mise en place d’un plan de soins à tout âge. Si l’épilepsie est pharmacosensible, le suivi est assuré par le médecin généraliste en lien avec un neurologue référent. Si l’épilepsie est pharmacorésistante, le suivi implique le neurologue ou le neuropédiatre en lien avec un centre de soins tertiaire spécialisé dans l’épilepsie (centre de références et centres de compétence épilepsies maladies rares). Le parcours de soins du patient doit inclure des programmes d’éducation thérapeutique. Pour le sport, il y a peu d’études sur les effets du sport et de l’activité physique sur l’épilepsie : les conclusions sont en faveur d’effets positifs ou neutres et très rarement négatifs. Concernant les risques, la situation du patient et le profil du risque du sport concernés doivent être pris en compte. L’aptitude à la conduite peut en partie servir de référentiel. Au niveau de la conduite, un patient épileptique, sans crises depuis 1 an ou avec exclusivement des crises nocturnes ou sans rupture de conscience pendant 1 an est autorisé à conduire. Dans tous les cas, il faut un passage devant la commission préfectorale du permis de conduire. Pour les permis professionnels, la législation impose un délai de 10 ans sans crises. Différents milieux d’insertion peuvent être proposés : milieu ordinaire, protégé, adapté. Le médecin du travail est un acteur-clé de l’insertion professionnelle.

Enfin, plusieurs actualités thérapeutiques en épileptologie ont été présentées :

  • le cénobamate : nouvelle molécule disponible dans l’épilepsie focale pharmaco-résistante ;
  • la fenfluramine : action récepteurs sérotoninergique 5HT1 pour le traitement du syndrome de Dravet à partir de 2 ans (approuvé par FDA). Efficace sur les critères classiques (patients avec > 50 % de crises en moins et un taux de patients libres de crise). La tolérance est rassurante, même si cela nécessite une surveillance échographique obligatoire ;
  • le cannabidiol (CBD) : extension de l’utilisation du cannabidiol vers les crises convulsives et non convulsives en dehors du Dravet et du Lennox Gastaut ;
  • dans l’état de mal convulsivant : pas de différence d’efficacité entre la phosphénytoïne, acide valproïque et lévétiracétam sur l’arrêt des crises à 1 heure.

Références :

  • Gavaret M. Plantes et dérivés : quel impact sur l'épilepsie ? JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Bartolomei F. Cannibidiol, cannabis thérapeutique et épilepsie. JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Rheims S. Café, alcool, tabac et crises. JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Derambure P. Réseaux de soin, filières : quelles organisations à privilégier ? JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Chassagnon S. Sport et activité de loisir, quels conseils à donner ? JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Dupont S. Permis de conduire et accompagnement professionnel des patients. JNLF 2021 ; LFCE > Suivi des patients souffrant d’épilepsie : quelles informations du quotidien à donner ? Mercredi 26 mai.
  • Curot J. Actualités thérapeutiques dans l'épilepsie. JNLF 2021 ; ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES EN NEUROLOGIE. Vendredi 28 mai.

La sclérose en plaques aux JNLF 2021

Les actualités ont été riches dans les maladies inflammatoires : imagerie, actualités thérapeutiques et même du digital.

L’un des sujets les plus intéressants dans la sclérose en plaques fut la controverse sur le gadolinium. Depuis quelques années, les agences européennes et américaines du médicament ont émis des craintes quant à l’utilisation répétée de produits de contraste de type gadolinium linéaire en raison d’une possible accumulation dans les noyaux gris. Aucune preuve d’un effet nocif pour les patients n’a été mise en évidence et aucun effet neurologique, tel que des troubles cognitifs ou des troubles du mouvement, n’a été attribué à un produit à base de gadolinium, quel qu’il soit. Cependant, les risques à long terme associés à la rétention de gadolinium dans le cerveau sont inconnus, et les données de sécurité à long terme sont limitées. Considérant l’ensemble des données disponibles, y compris les données portant sur la rétention de gadolinium dans d’autres tissus et les avis de groupes d’experts, l’agence européenne des médicaments (EMA) a émis des recommandations afin de prévenir tout risque qui pourrait être associé à la présence de gadolinium dans le cerveau.
En conséquence, les autorisations de mise sur le marché du produit linéaire intraveineux ont été suspendues. Seuls les macrocycliques sont autorisés. Ainsi, la précaution amène à n’utiliser que les macrocycliques et à réduire les injections systématiques de Gd+, sauf si doute ou selon l’expression clinique.
D’où cette controverse organisée par la Société française de la sclérose en plaques (SFSEP) concernant l’injection de gadolinium lors de la réalisation d’une IRM dans la SEP, dont la synthèse a été proposée par le Dr Stéphane Kremer (Strasbourg). Il reprend les arguments de ses collègues et propose une synthèse.
En faveur de l’injection de gadolinium, il indique qu’il est nécessaire pour l’établissement du diagnostic (critères de McDonald) et pour la caractérisation lésionnelle ; s'il n’y pas d’IRM antérieure disponible ou qu’elle est non conforme au protocole OFSEP ; en cas d’initiation d’un traitement de fond (baseline) et à 6 mois (rebaseline) ; en cas de poussée/aggravation ; et en cas de suspicion de LEMP ou d’affection intercurrente. Il n’y a pas besoin d’injection de gadolinium : en cas de stabilité clinique, radiologique ou en l’absence de modification thérapeutique.

La SFSEP a également émis des recommandations émanant de la Société francophone de la sclérose en plaques (SFSEP) concernant infections et SEP, travail réalisé et proposé en quatre questions. Ces recommandations sont disponibles sur le site de la SFSEP, mais également téléchargeable en application smartphone.

Le digital fut également à l’honneur avec une sélection de posters.
L’application KonectomTM est développée d’après l’expérience d’utilisation du patient pour évaluer la cognition, la fonction des membres supérieurs, la marche/mobilité et la qualité de vie liée à la SEP. Les évaluations digitales (ED) bénéficieront de l’accéléromètre, gyroscope, toucher, force du toucher et GPS sur iPhone X. KonectomTM fournit une plateforme digitale axée sur le patient pour surveiller son handicap dans les essais cliniques de SEP et en vie réelle avec possibilité d’extension à d’autres troubles neurologiques affectant les fonctions cognitive/motrice.
MSCopilot® est un dispositif médical de suivi de la SEP sur smartphone. Les déterminants de ces comportements ont été étudiés dans de nombreux contextes, mais peu dans le domaine des outils digitaux. Le but est d’identifier les facteurs prédicteurs de l’intention d’utilisation d’une application de santé. En particulier, l'exploration de l’effet de croyances du Health Belief Model (HBM) sur la mise en œuvre d’un comportement protecteur dans le contexte d'applications mobiles. Les résultats suggèrent que le HBM, validé dans différents contextes de santé, pourrait également prédire l’utilisation d’une application mobile en lien avec la SEP.

Enfin, voici les actualités thérapeutiques dans le domaine inflammatoire. Il n’y a pas de grosse alerte en cas de grossesse après ou pendant un traitement par anticorps anti-CD20. Dans la SEP, l’espacement ou la réduction de dose d’un traitement anti-CD20 n’entraîne pas de rebond d’activité et pourrait diminuer le risque infectieux. L’hypogammaglobulinémie sous anti-CD20 dans le traitement de NMOSD est associée à un risque infectieux. L’arrêt du traitement immunosuppresseur en cas de NMOSD est associé très fréquemment à une rechute. Trois nouveaux traitements pour les NMOSD sont en cours d’évaluation : le satralizumab (anti-IL6), l’éculizumab (anti-C5) et l’inébilizumab (anti-CD19).

Références :

  • Maarouf A. Controverse : faut-il faire une injection de gadolinium lors de la réalisation d’une IRM dans la SEP ? Oui. JNLF 2021 ; SFSEP > Controverse. Jeudi 27 mai.
  • Tourdias T. Controverse : faut-il faire une injection de gadolinium lors de la réalisation d’une IRM dans la SEP ? Non. JNLF 2021 ; SFSEP > Controverse. Jeudi 27 mai.
  • Kremer S. Controverse : faut-il faire une injection de gadolinium lors de la réalisation d’une IRM dans la SEP ? Synthèse. JNLF 2021 ; SFSEP > Controverse. Jeudi 27 mai.
  • Guymard T et al. KonectomTM Évaluation numérique sur smartphone des performances fonctionnelles cognitives et motrices dans la sclérose en plaques. JNLF 2021 ; ePosters SEP/autres pathologies inflammatoires. P-29.40.
  • Delgrange R et al. Identification des facteurs favorables à l’utilisation de MSCopilot® par l’application du Health Belief Model. JNLF 2021 ; ePoster SEP/autres pathologies inflammatoires. P-29.58.
  • Marignier R. Actualités thérapeutiques dans la sclérose en plaques. JNLF 2021 ; ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES EN NEUROLOGIE. Vendredi 28 mai. 

Les troubles cognitifs aux JNLF 2021

Que retenir sur les troubles cognitifs et les démences lors ces journées 2021 ? En voici les principaux points.

Dans l’une des journées d’enseignements, les biomarqueurs dans les maladies neurodégénératives cognitives ont été abordés.
Une première présentation a d’abord précisé que l'IRM est d'une utilité majeure dans le bilan d'un trouble cognitif et/ou comportemental pour identifier un pattern d'atrophie, évaluer une charge vasculaire et diagnostiquer des lésions ni neurodégénératives ni vasculaires. Cet examen est nécessaire, mais non suffisant pour un diagnostic. Il se conçoit en complément de l'évaluation clinique, neuropsychologique, orthophonique et des marqueurs biologiques et de métabolisme. L’IRM peut amener à mettre en évidence des comorbidités associées.
Par la suite, une deuxième présentation a fait le point sur les biomarqueurs du LCR dans la maladie d'Alzheimer (MA), en rappelant la classification A/T/N, A pour amyloïde, T pour Tau et N pour neurodégénérescence. La concentration du peptide Ab1-42 est diminuée dans le liquide cérébrospinal, et celles de la protéine tau totale (T-Tau) et phosphorylée (P-Tau) sont augmentées par rapport aux témoins. Il est donc important de ne réaliser une ponction lombaire que quand ses résultats contribuent à identifier la cause d'un trouble cognitif. Les biomarqueurs sanguins, suite au développement de nouvelles techniques d'immuno-analyse ultra-sensible (SIMOA), sont capables de détecter d'infimes concentrations de protéines.
Enfin, l'imagerie TEP au FDG contribue au diagnostic des pathologies neurodégénératives cognitives en fournissant des informations métaboliques topographiques sans préjuger du mécanisme causal. Les TEP amyloïde et tau sont des biomarqueurs physiopathologiques de MA, mais ne sont pour l'instant utilisées en France que dans le cadre de la recherche. L'imagerie TEP s'inscrit dans une approche multimodale, visant à diagnostiquer les maladies neurodégénératives de façon plus personnalisée, en rendant mieux compte de leur hétérogénéité clinique, en vue de développer des traitements à visée curative.

L’éducation thérapeutique et les troubles cognitifs ont fait l'objet d'une session. Le premier message à retenir est que l’ETP a un impact positif sur les troubles cognitifs. Le deuxième message est, qu’en cas de trouble cognitif, il conviendra d’adapter nos programmes en donnant des repères au patient, en favorisant des programmes en petits groupes. Concernant la place des aidants, notamment dans le cadre de patients atteints de maladies neurodégénératives, nous avons évoqué la définition de l’aidant familial, l’importance en nombre de ceux-ci, puisqu’ils représentent plus de 8 millions de personnes en France.

Une application, COMPAs (COMmunication Proche-Aidants), favorise les interactions grâce à du contenu audiovisuel personnalisé permettant une communication centrée sur la personne. L’objectif est de valider COMPAs en contexte de soins de longue durée. COMPAs apparaît comme un moyen de prévenir l’isolement social des aînés et l’épuisement des aidants.

Enfin, dans les actualités thérapeutiques, on note le retour de l’aducanumab avec une réévaluation en cours des études évaluant les anticorps monoclonaux anti-amyloïde dans la maladie d’Alzheimer (ENGAGE et EMERGE). L’analyse en sous-groupes selon la dose d’exposition (forte ou faible dose) ouvre des perspectives pour ces molécules avec une efficacité sur les critères cliniques, taux de biomarqueurs dans LCR et charge en plaques amyloïdes en TEP. La FDA doit prochainement se prononcer sur ces résultats. On note également le développement de molécules anti-tau en cours.

Références

  • Pariente J. Impact de l'IRM. JNLF 2021 ; JESN > Biomarqueurs dans les maladies neurodégénératives cognitives. Vendredi 28 mai.
  • Lebouvier T. Impact des biomarqueurs du LCR. JNLF 2021 ; JESN > Biomarqueurs dans les maladies neurodégénératives cognitives. Vendredi 28 mai.
  • Lagarde J. Impact de l'imagerie TEP métabolique et moléculaire. JNLF 2021 ; JESN > Biomarqueurs dans les maladies neurodégénératives cognitives. Vendredi 28 mai.
  • Barthelemy C. Le point de vue d’une équipe d'ETP. JNLF 2021 ; EDUNEUROL > La place des patients intervenants dans un programme d’éducation thérapeutique. Jeudi 27 mai.
  • Delacourt B et al. COMPAS : une application innovante pour soutenir la communication centrée sur la personne entre les personnes âgées atteintes de démence et leur proche-aidant. JNLF 2021 ; ePosters Démences. P-01.08.
  • Gabelle A. Actualités thérapeutiques dans la cognition. JNLF 2021 ; ACTUALITÉS THÉRAPEUTIQUES EN NEUROLOGIE. Vendredi 28 mai.

Les céphalées aux JNLF 2021

Dans ces temps forts, seront abordés le syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible, ainsi que les nouvelles recommandations de la SFEMC pour le traitement de la migraine.

Le syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (SVCR) a fait l'objet d'une mise au point. Le SVCR associe des céphalées sévères, typiquement en coup de tonnerre et multiples, et une vasoconstriction des artères cérébrales, régressive en 3 mois. Il peut survenir sans cause apparente dans les formes dites idiopathiques ou secondairement à la consommation de substances vasoactives, au post-partum et au stress physique ou émotionnel. Un diagnostic dès les premières céphalées et une prise en charge précoce permettent probablement de réduire le risque de complications. Les récidives sont possibles, mais peu fréquentes.

Les nouvelles recommandations françaises concernant la prise en charge de la migraine ont été présentées en avant-première lors des JNLF. La publication du texte finalisé est prévue pour l’automne 2021.
Pour commencer, ont été présenté les recommandations proposées concernant les traitements de crise. En cas de crise de forte intensité, nous pouvons débuter par un triptan d’emblée et compléter par un AINS. En cas de nausées, du métoclopramide peut être associé. L’efficacité du traitement de crise peut être évaluée par quatre questions simples (Migraine Treatment Optimization Questionnaire ; M-TOQ). En cas de crise de migraine avec aura, débuter par un AINS au moment de l’aura, puis triptan au début de la phase céphalalgique de la migraine.
Ensuite, les traitements de fond. Pour la migraine épisodique, les traitements de premier choix sont les bêta-bloquants (propranolol et métoprolol), l’amitriptyline, le topiramate et le candésartan. Pour la migraine chronique, le topiramate est le seul traitement avec le niveau de preuve le plus élevé. L’intérêt et la place des anticorps monoclonaux ciblant la voie du CGRP ont été discutés pour les migraines réfractaires, ainsi que celle de la toxine botulique dans la migraine chronique.
Enfin, les recommandations pour la prise en charge de la migraine chronique avec surconsommation médicamenteuse. L’abus médicamenteux est l'un des facteurs de risque majeur de chronicisation, en plus de la fréquence des crises et des comorbidités anxio-dépressives. La première étape de la prise en charge est d’informer le patient et de l’éduquer à ce risque lié à la surconsommation. La meilleure stratégie de prise en charge à l’heure actuelle semble être la mise en place d’un traitement de fond et l’incitation au sevrage (au moins relatif) en traitement de crise. Une prise en charge non pharmacologique est également possible. Ensuite, les autres traitements de fond de la migraine épisodique peuvent être proposés. Enfin, les anti-CGRP ont montré leur intérêt (non remboursés à l’heure actuelle), tout comme la toxine botulinique (qui vient d’obtenir une extension d’AMM pour la migraine chronique).

Références :

  • Ducros A. Syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible : diagnostic et traitement. JNLF 2021 ; JESN > Céphalées. Jeudi 27 mai.
  • Roos C. Traitement de crise de la migraine. JNLF 2021 ; SFEMC > Nouvelles recommandations de la SFEMC pour le traitement de la migraine. Vendredi 28 mai.
  • Ducros A. Traitement de fond médicamenteux de la migraine. JNLF 2021 ; SFEMC > Nouvelles recommandations de la SFEMC pour le traitement de la migraine. Vendredi 28 mai.
  • Lucas C. Prise en charge de la migraine chronique avec abus médicamenteux. JNLF 2021 ; SFEMC > Nouvelles recommandations de la SFEMC pour le traitement de la migraine. Vendredi 28 mai.

Autres thématiques présentées aux JNLF 2021

En neurovasculaire, Strokecopilot est une application web d’assistance à la décision de recanalisation des infarctus cérébraux. Elle indique si le patient correspond aux recommandations ou aux populations incluses dans les essais cliniques. Cet outil d’intelligence artificielle pourrait assister la décision de recanalisation de tout praticien impliqué à la phase aiguë d’un infarctus cérébral. Ce concept doit être validé avant d’être diffusé.

Parmi les actualités on notera qu'en cas d’infection SARS-CoV-2, le risque d’AVC ischémique est multiplié par 3 à 4 et la surmortalité multipliée par 5 alors que la pandémie a gêné l’accès au soin. Pour la thrombolyse IV, la bonne dose de ténectéplase est 0,25 mg/kg. Il existe une non-infériorité de la thrombectomie mécanique versus thrombectomie + thrombolyse : une étude pour et une étude contre. Concernant la neuroprotection (anti-récepteur GABA A, nérinétide, cellules souches), des études sont en cours d’études. Elles confirment la sécurité d’emploi, mais pas de bénéfice identifié. Pour la fermeture du FOP, les bénéfices à 3 ans sont maintenus à 5 ans.

En neuro-ophtalmologie, le point a été fait sur les gliopathies auto-immunes (Ac dirigés contre une protéine gliale : astrocyte/épendymocyte pour AQP4, oligodendrocyte pour MOG) qui ont un phénotype clinique commun, mais des mécanismes physiopathologiques différents.
L’atteinte du nerf optique reste la cible élective des auto-anticorps AQP4-IgG et MOG-IgG. Concernant les atteintes visuelles au-delà du nerf optique : une atteinte rétinienne est spécifique d’une atteinte AQP4 ; l’atteinte corticale possible dans le spectre AQP4 ? Les atteintes orbitaire, rétiniennes, cornéennes peuvent être liées à une activité anti MOG, mais leur spécificité est discutée. Dans le cadre de la névrite optique, il faut penser à doser les Ac anti-MOG et les Ac anti-AQP4 (voire GFAP) dès lors qu'une neuropathie optique inflammatoire se présente avec une atypie clinique, radiologique ou biologique. Il faut faire attention à la technique (la référence est : Cell based Essay) et ne pas oublier de recontrôler si négatif ! Dans le cadre d’un trouble oculomoteur, il faut toujours évoquer la myasthénie. Au-delà du dosage des Ac anti-récepteurs à l’acétylcholine : RACh, ne pas oublier les Ac anti-MuSK, parfois Ac anti-LRP4. Penser à doser les Ac anti-gq1b à prélever même sur ophtalmoplégie isolée, en l’absence syndrome de Miller Fisher complet. Enfin, ne pas oublier la dysthyroïdie avec orbitopathie ; parfois l’orbitopathie est isolée : penser à doser les Ac anti-récepteur de la TSH.

Dans la maladie de Parkinson, l’équipe toulousaine d’EDUNEUROL partage son expérience sur l’intégration de patients intervenants (PI) dans le cadre de leur programme d’éducation thérapeutique (ETP) dans le domaine de la maladie de Parkinson. Ces dernières années, l’équipe a recruté quatre patients intervenants, avec qui elle a signé un contrat de 1 an, renouvelable, définissant le rôle des PI et nos engagements.

Enfin, vous trouverez une interview du Dr Thomas de Broucker sur le thème « Le neuroCovid existe-t-il ? ». Les premiers travaux neuroépidémiologiques chinois ont décrit des atteintes fréquentes, notamment sous la forme de céphalées et d’anosmie, mais il est bon de rappeler que céphalées et anosmie sont fréquentes, mais très rarement en rapport avec une atteinte du système nerveux dans les syndromes "grippaux".
Il est assez vite apparu que le Covid-19 ne se réduisait pas à sa phase aiguë et qu’une symptomatologie résiduelle pouvait persister au-delà de 4 semaines dans plus de 10 % des cas, de 8 semaines dans près de 5 % et de 12 semaines chez 2 à 3 % des cas. La prise en compte de symptômes psychiatriques comme la dépression ou l’anxiété, et de la gravité de la phase aiguë, faisait apparaître une prévalence largement supérieure, allant de 12 à 31 % à 6 mois, principalement du fait de ces manifestations psychiatriques.
Par ailleurs, un certain nombre de patients, ayant le plus souvent présenté une forme ambulatoire de Covid-19, présentent des tableaux prolongés, fluctuants, polysymptomatiques, comportant des troubles neurologiques touchant l’attention, la mémoire, les capacités d’endurance, s’accompagnant de fatigue, de céphalées, de paresthésies et sensations de brûlures, et d’autres symptômes cardiothoraciques, végétatifs, ORL, qui ne leur permettent pas de reprendre pleinement leurs activités antérieures. Les explorations cliniques et paracliniques neurologiques ne montrant pas d’anomalie permettent de retenir un syndrome somatique fonctionnel et de le prendre en charge comme tel. Des travaux pour tenter d’expliquer ces symptômes post-Covid durables et de déterminer leur meilleure prise en charge sont en cours, dont les résultats sont attendus avec impatience par les patients et par les praticiens impliqués dans leur suivi.
En tout état de cause, il paraît extrêmement peu probable que le SARS-CoV-2 lui-même soit impliqué dans la physiopathologie de ce que d’aucuns appellent le Covid-long. 

Références

  • Demuth S et al. Le projet Strokecopilot : une intelligence artificielle pour assister les alertes thrombolyses. JNLF 2021 ; ePosters Pathologie vasculaire. P-23.06.
  • Marignier R. Physiopathologie des anticorps AntiGlie (antiMOG, antiAQP4). JNLF 2021 ; CNOF > Neuro-ophtalmologie et anticorps. Mercredi 26 mai.
  • Biotti D. Quand penser à une pathologie dysimmune à auto-anticorps en neuro-ophtalmologie ? JNLF 2021 ; CNOF > Neuro-ophtalmologie et anticorps. Mercredi 26 mai.
  • De Broucker T. Le NeuroCOVID existe-t-il ? : Synthèse. JNLF 2021 ; SFN > Session SFN. Jeudi 27 mai.